En mémoire des dessinateurs Charb, Cabu, Tignous, Wolinski, Honoré et de l’économiste Bernard Maris « oncle Bernard », mes amis journalistes de Charlie Hebdo tragiquement disparus, je voudrais apporter ma modeste contribution au formidable mouvement de solidarité qui a fait suite à la tuerie de mercredi 7 janvier.
Installée à Nice depuis juin 2013, j’ai collaboré à Charlie Hebdo pendant trois ans, de 2009 à 2011, en tant que journaliste d’investigation, à la demande de Laurent Léger, rescapé (miraculé) du carnage.
De toute ma carrière, jamais je n’ai connu de confrères aussi doux, généreux, bienveillants et tolérants.
Avec un humour lumineux, souvent grinçant, parfois choquant, ils défendaient ce bien précieux de notre démocratie, la liberté d’expression.
J’ai été réconfortée de voir qu’à Nice, comme partout en France, des centaines de personnes se sont rassemblées dans le calme et le recueillement, dès mercredi soir, sur la place Garibaldi, pour manifester leur attachement à cet «esprit Charlie».
Beaucoup, parmi eux, ne lisaient sans doute pas régulièrement le magazine, dont la diffusion était tombée en dessous des 50 000 exemplaires et qui se débattait dans de sérieuses difficultés financières, mais peu importe.
Chacun avait compris l’importance de la tragédie.
En attaquant Charlie, c’est notre liberté que certains ont voulu détruire.
En juillet 2011, après une tuerie qui avait fait 76 morts, le maire d’Oslo, Fabian Stang, avait déclaré : «Nous allons punir les coupables. La punition, ce sera plus de générosité, plus de tolérance, plus de démocratie».
J’espère que nous saurons, collectivement, faire de même.
Hélène Constanty