21/06/24 – RN au pouvoir ? La hantise des rédactions

J’ai fait un cauchemar. Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon déclenchaient des interpellations de journalistes, impertinents. Ils leur reprochaient d’avoir diabolisé leurs projets de « réformes » dans les médias. Cette vision apocalyptique ne correspond pas à la réalité. Jordan Bardella est trop habile pour s’en prendre aux journalistes. Cependant, un climat d’inquiétude se renforce dans la plupart des rédactions.
Depuis toujours les relations entre la presse et les hommes politiques ont été marquées par l’ambiguïté. Une sorte de « je t’aime moi non plus ». Sauf que, après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le ralliement d’Eric Ciotti au RN, jamais dans l’histoire de la Ve République les enjeux n’ont été aussi déterminants.

Les journalistes sont des cibles parfaites. Certains chercheurs et pas des moindres estiment que l’ensemble des médias contribuent à légitimer le RN. Ainsi Safia Dahani, docteure en sciences politiques, assure dans La Tribune qu’il y a eu un changement dans la manière dont les chaînes d’information en continu ont permis au parti de Marine Le Pen de faire progresser ses idées dans les années 2010. Par ailleurs, une enquête récente de la plate forme Tagaday montre que Jordan Bardella a été beaucoup plus exposé dans les médias que les autres candidats.
Privatiser l’audiovisuel public : le projet du RN qui hante les professionnels
En cas de victoire, le parti veut céder Radio France et France Télévisions. Dès le lundi 10 juin, précise Le Monde, le porte-parole du RN et député du Nord Sébastien Chenu confirmait que l’objectif de son parti restait identique à celui qu’il défendait lors de l’élection présidentielle de 2022, à savoir la privatisation. La perspective provoque des sueurs froides à France Télévisions et à Radio France, les deux sociétés visées en priorité, mais aussi chez les producteurs et le milieu de la création audiovisuelle en général, rappelle une tribune signée par quarante et une organisations professionnelles. « Aucun pays européen ne s’est risqué à privatiser l’audiovisuel public », « projet dangereux pour les Français » s’agissant de « ce pilier de notre démocratie et de notre culture », estiment-ils.
Paul Barelli, Vice-président du CPM 06. Ex-correspondant du Monde dans les Alpes-Maritimes.