Edito
Entretenir la mémoire de la rafle du Vél’ d’Hiv’ : nous le devons d’abord aux victimes et à leurs familles. « Oublier les morts ce serait les tuer une deuxième fois », écrivait Élie Wiesel à propos de la Shoah. Ce devoir de mémoire s »élargit à toutes les victimes des guerres. S’y opposer, c’est prendre le risque que les jeunes générations ignorent les pages les plus sombres de l’Histoire mondiale. Et de se priver ainsi d’une clef de lecture indispensable face aux menaces réelles d’extension de la guerre en Ukraine en un conflit mondial.
L’Histoire ne se répète pas, répliquent les plus optimistes, traduisant un certain aveuglement des Occidentaux face aux objectifs belliqueux annoncés par Poutine lui-même. Ce contexte de naïveté nous renvoie à un autre.
Celui des prémices du conflit 39-45. De retour de Münich en 1938 après avoir rencontré Hitler, Neville Chamberlain, le Premier ministre britannique, avait dit : « C’est un gentleman! » Notre génération – j’ai 70 ans – est la dernière qui a recueilli les témoignages directs de nos parents sur la dernière guerre. Nous en sommes de modestes transmetteurs par « procuration ». La plupart des hommes et des femmes de notre génération n’ont pas connu la guerre. Pour autant, nous sommes porteurs d’un message de vigilance que nous ont laissé nos parents dans le prolongement de celui de nos grands-parents sur la Grande Guerre.
Cet impérieux message, c’est de marteler aux jeunes générations que la barbarie n’a pas cessé le 8 mai 1945. En France aujourd’hui, certes sans commune mesure avec la tragédie du Vél’ d’Hiv, les actes antisémites ont augmenté de 75 % en 2021.
L’antisémitisme est toujours présent. Aussi, les cérémonies en mémoire aux victimes du Vél’ d’Hiv’ rappellent cruellement que l’État, le régime de Vichy avait organisé la rafle. Les responsables pétainistes ont déporté 4 000 enfants juifs. Ils sont allés au-delà de ce que réclamaient les nazis. Une pensée à l’égard de ces enfants, c’est leur rendre hommage. Pour l’éternité.
Paul Barelli, vice-président CPM06