Roger-Louis Bianchini qui s’est éteint le 24 mars à 82 ans symbolise les vertus du journalisme d’investigation. Cet autodidacte restera un des maîtres du genre. Un enquêteur opiniâtre, fonctionnant à l’instinct : curieux, fouineur. Et rigoureux. Durant plusieurs décennies, sa silhouette de fait-diversier à Nice Matin a hanté les couloirs des commissariats « Gioffredo », « Foch », « Auvare » et tous les lieux, y compris ceux des voyous où il pouvait glaner des informations.
Roger-Louis, tantôt rugueux ou affectueux, ne manquait pas d’ironie. En 2000, alors que je participais à un numéro spécial de L’Express sur « les 100 qui font bouger Nice », il m’avait dit : « Tu vas te faire 100 amis et 1 000 ennemis ! »
Brillant, il a gravi tous les échelons : rédacteur, fait-diversier, grand reporter, chef de la rédaction. Il s’est illustré dans la couverture des plus spectaculaires faits divers de la Côte d’Azur : affaire Leroux, Omar Raddad, Albert Spaggiari, Turquin.
Sa plume, nourrie d’informations exclusives, il la met au service de Nice Matin mais également de France Soir, du Point dont il fut le correspondant régional. Et de nombreux ouvrages qu’il rédige sur la corruption : Mafia, argent et politique, Enquête sur des liaisons dangereuses, Monaco une affaire qui tourne, 13 mystères de la Côte. Ce professionnel symbole de l’indépendance savait résister aux pressions d’où qu’elles viennent.
Roger-Louis Bianchini s’est montré très courageux, accablé par les épreuves personnelles. En 2004, il perd Arlette, la femme de sa vie et plus tard en 2016 sa fille Patricia. Toutes les deux emportées par un cancer. Il surmonte la double épreuve pour ne pas laisser son autre fille Laurence et ses deux petits-enfants Anna et Nicolas.
Longtemps, on a vu ce mordu de football qu’il a pratiqué jusqu’à 70 ans sillonner en scooter les rues de Nice où résonnait son rire provocateur. L’histoire ne dit pas s’il va retrouver ses anciens confrères de Nice Matin, fait-diversiers disparus : Pierre-François Leonetti, Michel Barelli, André Lucchesi.
Paul Barelli, vice président du CPM06.