Le regard malicieux de Rémy Molinari, derrière ses lunettes rondes colorées, restera à jamais présent dans la mémoire de tous ses amis. Dessinateur niçois, caricaturiste, il est mort brutalement à l’hôpital le 5 juillet des suites d’un AVC, à 63 ans. Il laisse le souvenir d’un singulier personnage à l’humour un peu fou. Il était né à Nice le 23 janvier 1958. Très jeune, il rêve déjà d’une vie libre. L’artiste en aura eu plusieurs.
Quand on lui demandait comment il était devenu artiste, il expliquait avoir travaillé pendant dix ans sur des bateaux de croisière à faire le tour du monde. C’est là qu’il apprend à faire des caricatures. Il aimait à dire : « Un bateau de croisière est une micro société, avec ce qu’il y a de meilleur et de pire, idéal pour noter quelques bons mots des passagers, relever des situations ubuesques, et surtout mettre le cap vers de drôles histoires d’humour ».
Le 17 mars dernier, en pleine pandémie, il choisit de se confiner dans le quartier des Musiciens à Nice, avec sa mère de 88 ans, pour être à ses côtés.
« Cela a été une fenêtre ouverte vers un espace de liberté et d’humour, sinon je devenais fou ! » Du coup, Rémy a dessiné. Pendant 55 jours, il a fallu trouver une idée différente chaque matin sur le même thème, le plus difficile selon lui car l’exécution ne lui demande qu’une vingtaine de minutes. Il a compilé le tout dans un livre, sorti aux éditions Gilletta, « Le chroniquavirus ».
La vie n’a pas épargné Remy Molinari. Il avait perdu son frère il y a quelques années et plus récemment son chalet de Saint-Martin-Vésubie lors de la tempête Alex.
« Rémy s’en va le jour où Azur TV devient BFM après avoir supprimé la Grande Émission il y a un mois » : pour Sébastien Serano, son complice de la télévision qui l’a confié à Nice-Matin, « c’est presque
un signe. »
Paul Barelli