Alors que son nouveau directeur – Alexandre Vandekerkhove – vient de boucler sa première année d’exercice en titre, l’Espace Magnan a reçu le Club de la Presse, partenaire de deux de ses évènements cinéma (Journées du cinéma italien et Festival du film de moto). L’occasion de revivre la fabuleuse évolution de cette association et de son lieu hors du commun.
Pour les Niçois, l’Espace Magnan est bien plus qu’un simple lieu de spectacles, c’est une véritable institution depuis 1971, née alors Maison des Jeunes et de la Culture. Rappelez-vous, les MJC étaient passées de deux cents en 1958 à 1 200 dix ans plus tard sous l’impulsion de Maurice Herzog, alors Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports, nommé par le Général de Gaulle afin de gérer la crise des « blousons noirs »*. Dès les premières années de fonctionnement, la MJC Magnan se démarque avec déjà 6 000 adhérents répartis sur une trentaine d’activités et son centre d’hébergement. A partir de 1980, elle s’oriente vers la diffusion culturelle et devient un pôle d’intérêt inhabituel dans le quartier Magnan et Madeleine. Loisirs socio-culturels et diffusion de spectacles se multiplient, permettant aux professionnels comme aux amateurs d’accéder à un contenu réputé de qualité. Mais vers la fin de la décennie 80, le contexte change avec l’apparition des structures municipales et la réputation qui lui vaut le surnom de « Maison des Jeunes Communistes » par le maire de Nice, alors Jacques Médecin. Soucieuse de son image, la MJC devient en 1987 l’actuel Espace Magnan. Et après une interruption de neuf ans pour retard de travaux – de 1990 à 1999 -, la salle de spectacles rouvre enfin ses portes, renouvelle sa programmation et développe ainsi les projets éducatifs et socio-culturels axés sur l’accompagnement à la culture. Mais coup dur encore au début des années 2000 lorsque le site se voit contraint de fermer son centre d’hébergement suite à de nombreuses difficultés pour maintenir les locaux aux normes et surtout faire face à la pression des syndicats d’hôtellerie pour concurrence déloyale. L’Espace Magnan poursuivra cependant sa mission d’éducation populaire en développant ses trois grands axes de travail jusqu’en 2014 lorsqu’intervient le retrait du territoire en zone prioritaire et donc des dispositifs éducatifs mis en place grâce aux financements du Contrat Urbain de Cohésion Sociale. Une perte néfaste pour les établissements scolaires environnants en terme d’ouverture culturelle, mais qui n’empêchera pas l’Espace Magnan de poursuivre sa mission de proximité avec de nouveaux projets.
Fidèle à sa vocation, ouvert au présent
Grâce aux investissements de réhabilitation des anciens dortoirs et salles d’activités, avec 3 600 m2 d’espaces divers et variés dont deux salles de spectacles (Jean Vigo et Rampe Rouge), l’Espace Magnan a continué à déployer chaque année de nouvelles propositions tout en s’adaptant aux évolutions sociales de la Ville qui le soutient ainsi que de nombreux autres partenaires. En place depuis 1987, fortement reconnue pour toutes ses actions, Andrée Ugolini est devenue directrice, et après trente ans d’exercice, a cédé la place en novembre 2018 à Alexandre Vandekerkhove, alors directeur des accueils de loisirs, moniteur sportif et organisateur apprécié de toutes les générations. Une succession légitime après des années de travail transversal en parfaite harmonie. Aujourd’hui encore, Andrée Ugolini continue à soutenir l’Espace Magnan de façon concrète à travers le conseil et le bénévolat (avec notamment la mise en place de l’atelier Carnaval où les enfants du quartier s’emploient à décorer un char durant plusieurs mois sous la houlette d’adultes spécialisés). Profonde cohésion encore depuis 2015 avec sa présidente, Nicole Venturelli, extrêmement active auprès des équipes et des partenaires, et également présente le mercredi auprès des jeunes. La réalité atteste aujourd’hui à quel point chacun(e) s’évertue selon sa position à assurer un rôle efficace dans la promotion des évènements comme des activités de ce lieu « passerelle ». Fête nationale du cinéma, CinéS d’AilleurS, Cinéma d’animation, Toiles magiques, Journées du cinéma italien, Festival du film de moto, autant de rendez-vous cinématographiques qui prennent de l’ampleur, parallèlement à une grande diversité de rencontres, débats, manifestations de tous ordres, dans un esprit d’accompagnement et de médiation culturelle, tandis que le lieu continue à accueillir des troupes de spectacle vivant en résidence et un roulement d’expositions d’œuvres.
L’association niçoise demeurera sans nul doute un acteur culturel majeur du paysage azuréen.
Josselyne Bélieu
*Laurent Besse : « Les MJC : De l’été des Blousons Noirs à l’été des Minguettes, 1959-1981 »
Espace Magnan – 31, rue
Louis de Coppet – 06000 Nice
Tél. : 04 93 86 28 75
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Quelques chiffres :
- Adhérents : 1 700
- Spectateurs annuels (2019) : 8 728
- Salariés : 20 (12 direction + responsables administratifs, 8 animateurs)
- Animateurs : 52 (14 bénévoles, 8 salariés, 30 partenaires associatifs)
