Il y a des fois où les mots font défaut. Il m’a fallu quelque temps pour pouvoir dire ici le chagrin que me cause la disparition du galeriste niçois Antonio Sapone. Cette poignée de main avec Hans Hartung, ici au déclin de sa vie, illustre parfaitement les liens qu’entretenait Antonio avec les artistes.
Un homme qui incarnait à lui tout seul le meilleur de l’Italie: le goût de l’art, la chaleur humaine, la générosité. Lors d’une visite à Bellona, son village, où il créa un centre culturel au milieu d’oliviers centenaires, il me parla de la restauration d’une chapelle oubliée du 16e siècle, perdue dans les collines, alors qu’il exposait un peu plus bas, dans sa propriété, des artistes contemporains. Anecdote révélatrice du parcours de celui qui chérissait le passé dans ce qu’il offre de plus touchant sans jamais cesser d’être tourné vers l’avenir et d’aider la création vive.
Et ce voyage ponctué de rires et de conversations passionnantes fut agrémenté par la mozzarella incomparable de ces petits producteurs qui, eux aussi, étaient les amis de celui qui, en dépit d’une réussite fulgurante, restait humble, accessible et profondément bon. Une intelligence du cœur qui explique sans doute l’amour que lui vouent ses artistes et leurs héritiers d’âme.
Dans la préface d’un ouvrage célébrant ses liens avec le merveilleux photographe André Villers j’écrivais: « Antonio entra un peu en art comme on entre en religion. Avec foi, amour et générosité. Il devint le célèbre galeriste qui exposa à Nice les figures marquantes de notre temps et qui, sur la scène internationale, acquit une renommée fulgurante. Un parcours étonnant sans jamais s’écarter des valeurs essentielles qu’il défend en tant qu’homme et et tant que marchand, au premier rang desquelles l’amitié ».
Oui, cette amitié avec un grand A qui lui a valu une estime profonde de la part des artistes et de leurs proches. Je partage leur peine. Antonio, tu nous manques déjà. Cruellement.
Nicole Laffont (voir son blog ici).