Une voix chaleureuse résonne dans des centaines d’autoradios branchés sur la fréquence 14 00 mètres Grandes Ondes de RMC.
Nous sommes au cœur des années soixante dix, col de Turini, lors d’une de ces nuits magiques du Rallye de Monte Carlo. Ce timbre de voix singulier de Bernard Spindler, des milliers d’auditeurs l’ont encore dans l’oreille quarante ans plus tard..
C’est cela la magie de la radio. Bernard Spindler se métamorphosait en magicien. Dès que la lumière rouge du direct s’allumait ses yeux pétillaient ! Je n’oublierai jamais sa capacité d’improvisation. Le 11 juin 1979, à 6h55 une dépèche de l’Afp annonce la mort de l’acteur américain John Wayne. Je présente les titres du journal au micro. Bernard Spindler improvise avec brio un portrait qui semble écrit, de l’acteur, l’œil sur la pendule. Il s’était fixé 50 secondes. Il rempli à la seconde près sa mission.
Cet homme, à la culture éclectique s’exprimait dans un français châtié, dénué de toute familiarité goguenarde très en vogue depuis que la tyrannie de l’audimat justifie le pire.
Plus qu’une grande voix de Radio Monte Carlo dont il a contribué à l’essor où il avait débuté journaliste dans les années soixante, Bernard Spindler, décédé à Nice à 77 ans, était un seigneur de l’information. Il respectait les auditeurs sans faire appel aux ressorts de la démagogie.
Autodidacte exigeant pour lui-même et pour les autres, cet homme à la passion chevillée au corps a donné sa chance à de nombreux jeunes journalistes – dont certains sont encore aujourd’hui à l’antenne de RMC, station dont il suivait encore attentivement l’évolution.
Et si votre serviteur s’est passionné pour le journalisme radio c’est grâce à des « modèles » tels que Bernard Spindler.
À RMC, ce journaliste au talent hors du commun a occupé maintes fonctions : reporter, rédacteur en chef du service des sports et des informations générales, présentateur des journaux de la mi-journée.
Passionné de sport automobile, notamment de rallye, il a été l’auteur de plusieurs films sur ce sujet et avait également pris en charge la diffusion de la Formule 1 sur la « Cinq », au début des années 1990. Comme l’a souligné Automoto New : « un monument s’en est allé ! ».
Personnage estimé à Monaco, il a présidé de 2006 à 2012 le Press Club.
Féru d’histoire, Bernard Spindler a également écrit de nombreux romans et essais.
Il figure parmi les voix prestigieuses de l’histoire de la radio. Sans doute va t-il retrouver, dans un autre monde, d’autres grands professionnels : les Jacques Chancel, Jacques Paoli, Alain Decaux, Gérard Sire, Pierre Bouteiller et tant d’autres. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
Si vous passez, une nuit dans le col de Turini, tendez l’oreille. Qui sait ? Vous entendrez, peut être la voix de Bernard Spindler.
Paul Barelli.
Président du Club de la presse 06. Correspondant du Monde à Nice