La mission qui vous incombe monsieur Prêtre en tant que procureur de la République de Nice est cruciale.
Déterminer les responsabilités dans le carnage du 14 juillet. L’enquête préliminaire dont vous avez la charge pour « mise en
danger d’autrui » a été ouverte à Nice « contre l’organisateur et les différents services qui ont la responsabilité dans la
sécurité donc la ville et l’Etat » avez-vous déclaré. Une dizaine de plaintes mettent en cause le dispositif de sécurité.
La conclusion de cette enquête – sans doute avant Noël, s’inscrit dans un poignant contexte. Peu après cette tragédie, des
polémiques prématurées ont opposé la municipalité au ministère de l’Intérieur se rejetant mutuellement la responsabilité.
Les investigations de la presse ont établi que de fausses informations ont été avancées tant du côté de l’Etat que de la municipalité.
La sordide querelle sur les effectifs de police présents ne met nullement en cause l’action des policiers nationaux et municipaux.
Comme l’a déjà souligné l’IGPN la police des polices chargée avec la PJ de déterminer les éventuelles fautes.
Ces polémiques qui ont choquées en particulier les familles des victimes se sont estompées. S’en est suivi un silence
profond sur les mesures de sécurité le 14 juillet. Pourtant, trois mois après, une question clef resurgit avec force.
Elle taraude désormais de très nombreux Niçois, proches des victimes, des rescapés, des personnalités politiques de tous bords qui l’évoquent en privé.
Les autorités de l’Etat et la municipalité ne peuvent se dérober. Pourquoi n’ont elles pas pris en compte l’hypothèse d’un attentat avec un véhicule fou ?
Pourtant, vous l’avez déclaré le 5 octobre « cette hypothèse a été évoquée, analysée et pesée à l’occasion de l’Euro-2016 que
ce soit à Nice ou sur les autres sites.
En particulier à Nice, sur la partie dite de la Fan Walk », « à titre d’exemple ».
Fallait-il pour le 14 juillet prendre en compte un risque de cette nature, oui ou non ?
Si oui, est-ce que les dispositifs mis en place répondaient à cette exigence, oui ou non ? La réponse vous appartient,
monsieur le Procureur de la République. Les journalistes qui ont été amenés à vous questionner ont apprécié votre souci de
transparence et loyauté à l’égard de la presse.
Il est permis de croire qu’en toute indépendance vous serez amené à déclencher ou non des poursuites.
Les proches des victimes, les 400 blessés, toutes celles et tous ceux qui sont touchés par cette tragédie attendent la conclusion
de cette enquête.
Le 10 octobre vous m’avez confié : « je dis aux proches des victimes : la justice passera. Quand la
justice est réclamée elle est due ! ».
Nous en prenons acte.
Paul Barelli